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Dans son édition du 24 novembre 1940, « Le Petit Parisien » titrait : « Dans un champ, le cadavre du directeur de Clairvaux gisait la gorge ouverte. La victime venait d’évacuer les 760 détenus de la maison centrale ». Dans quelles circonstances Joseph Constant Buchou, âgé de 53 ans, est-il mort ?
Georges Arque, rédacteur au Petit Parisien (quotidien devenu l’organe de propagande du gouvernement militaire allemand), signait un article à sensation dans lequel il livrait sa version des événements tragiques liés à l’exode : « Le 17 juin, à la fin de l’après-midi, des appels au secours parvenaient à quelques habitants de Decize [Nièvre]. Ils provenaient d’un champ de seigle situé presque en bordure de la route qui conduit de Nevers à Moulins. […] Non loin du cadavre, on pouvait apercevoir une automobile stationnée au bord d’un chemin, portières ouvertes : celle, on l’apprit bientôt, de la victime. Près du corps, un rasoir, dont la lame rouge encore indiquait suffisamment qu’elle avait été l’arme de la mort. Plus loin, une trousse de toilette, d’où le rasoir avait été extrait. Disons immédiatement que la trousse – l’enquête devait l’établir facilement – appartenait au directeur de la maison centrale de Clairvaux. […] Un suicide, pense-t-on d’abord. Ce fut du moins l’avis (formulé non sans réserve) du médecin qui fut appelé à examiner le corps : Les traces laissées par le rasoir aux poignets indiquent, en tout cas, précisa celui-ci, que les premiers coups ont été portés là. Puis c’est la carotide qui fut tranchée, et la mort a évidemment suivi presque tout de suite. Mais les enquêteurs ne pouvaient pas conclure que sur des constatations d’ordre médico-légal. Sur le plan matériel, une autre devait s’affirmer pour le moins aussi éloquente : la victime avait été dévalisée. […] C’est pourquoi, sans doute, plusieurs “suspects” ont été interrogés. La colonne… Cela nous ramène aux brutales réalités de juin, aux portes des prisons brusquement ouvertes devant un peuple haineux et cruel de condamnés de droit commun – ils étaient 760 à Clairvaux – aux convois forcément improvisés dans le chaos, le désordre, la panique, aux hallucinantes cohorte des geôles assoiffées de pillage et de sang. »
Les journaux de province regorgent d’avis de recherche, de parents éplorés ayant perdu leurs enfants, de couples désunis, de vieillards perdus, comme ce maire de Crève-cœur, en Seine-et-Marne, dont l’épouse a disparu près d’un des ponts de la Loire, ou telle famille du Mans ayant confié, dans son désarroi, une enfant de dix ans à la sauvegarde de l’équipage d’un camion-citerne de l’armée.
L'année 1939 à la loupe
Mon coup
de
Coeur
Cette fois ci mon coup de coeur ne concerne pas un livre mais un documentaire
Que se cache-t-il derrière le mythe du héros ? Jorge Amat va tâcher de répondre à cette question en revenant précisément, point par point, avec une rigueur historique au parcours de Jean Moulin, de son poste de Préfet à Chartres au transfert de ses cendres au Panthéon en 1964.
C'est au travers de ce parcours que l'on se rend compte que Jean Moulin prend une dimension nouvelle dès son voyage à Londres et sa rencontre avec de Gaulle le 25 octobre 1941. Il devient alors Délégué général pour la zone sud avec pour mission de mettre en place l'Armée secrète et d'unifier les mouvements de la résistance sous la coupe de la France libre. Il est perçu alors différemment par ceux qui le côtoient et un certain prestige, en partie lié à sa tâche, émane de notre homme.
Suivra ensuite sa participation à la création du CNR (Comité National de la Résistance, organe représentatif des syndicalistes, des représentants de la résistance, des partis politiques) en 1943, ayant pour but de légitimer de Gaulle aux yeux des Anglais et des Américains. Jean Moulin est arrêté par la Gestapo à Caluire le 21 juin 1943. Il est torturé et meurt au cours de son transfert en Allemagne.
La mythification de Jean Moulin deviendra effective lors du transfert de ses cendres au Panthéon. On se souvient du discours de Malraux en deux parties : une première partie suivant la chronologie de l'action de Jean Moulin et une seconde partie plus lyrique sur le peuple de l'ombre.
Il y a 71 ans, on lisait ceci... #WW2 #8Mai45 #histoire #Resistance #journalism
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