Seconde guerre, Soldats  Résistance Française, et les autres conflits les hommes de l'ombre

Resiter autrement Gabrielle Genevey

 

 

Lorsqu’en 1944 la libération du territoire met un terme à la persécution des Juifs de France, près des trois-quarts d’entre eux ont échappé à l’implacable chasse à l’homme menée par les nazis. Hormis le cas exemplaire du Danemark, où la quasi-totalité des Juifs a été sauvée grâce à un « complot » de la population, la France est le pays où la proportion de Juifs ayant échappé à l’extermination est la plus élevée. Si le rôle du gouvernement de Vichy et de l’administration française est écrasant dans les déportations (au moins 80% des 75 000 Juifs déportés ont été arrêtés par la police et la gendarmerie française puis livrés aux Allemands), à l’opposé l’attitude d’une grande partie de la population française a permis de mettre en échec la “solution finale” en France et le sauvetage des Juifs.

Pour le seul département de l’Isère, on estime à plus de 30 000 le nombre de Juifs, qu’ils aient résidé tout au long de la période ou simplement séjourné quelques temps, à y avoir trouvé refuge entre 1940 et 1944, soit près de 10% de la population juive vivant alors en France. A la Libération, si plus d’un millier de Juifs ont été déportés de l’Isère et plus d’une centaine abattus sur place, quelque 14 000 autres vivent dans le département.
Parmi eux figurent notamment la jeune Monique Serf, réfugiée de 1943 à 1945 avec sa famille à Saint-Marcellin et qui deviendra ensuite la chanteuse Barbara, ou encore Georges Perec, arrivé à Villard-de-Lans en 1941 à l’âge de 5 ans et qui y restera jusqu’en 1945.
C’est à partir de l’été 1942, marqué par les grandes rafles (telles celles du Vel’ d’Hiv les 16 et 17 juillet à Paris et du 26 août en zone libre), que commence véritablement le sauvetage de la population juive. 


A côté des mouvements de résistance juive, dont l’objectif prioritaire est le sauvetage, se mettent en place des réseaux d’aide, issus notamment des milieux chrétiens, à l’image de Témoignage
chrétien, animé par le révérend père Chaillet et dont des militants isérois se montrent particulièrement actifs, comme la famille Boursier à Saint-Laurent-du-Pont qui accueillent rapidement dans sa ferme des réfugiés juifs. Les couvents, tel celui de la Providence à Corenc, ou encore le foyer d’accueil Brise des neiges à La Tronche géré par l’Eglise méthodiste, deviennent d’importants lieux de refuge et accueillent des centaines de personnes.
D’autres figures issues des milieux cléricaux tiennent un rôle important dans cette action, comme Henri Grouès, qui dans la clandestinité devient l’abbé Pierre, ou encore le pasteur Charles Westphal*. Mais ce sont aussi et surtout des familles ou des personnes anonymes, agissant souvent de leur propre chef et sans liaison avec la Résistance ou les réseaux d’aide, qui
durant plus de deux années vont accueillir et protéger hommes, femmes et enfants juifs traqués.


C’est pour honorer ceux et celles qui ont œuvré à sauver des vies, souvent au péril de la leur, que, depuis 1962, l’institut israélien Yad Vashem décerne le titre de “Juste parmi les nations”. 
Il serait difficile de dresser un “portrait-type” de ces Justes, tant ces figures sont différentes : on trouve des membres de la Résistance, telle Louise Collomb*, membre de Combat ; des religieux, comme le pasteur Westphal* ou encore Éva Péan-Pages, directrice du foyer Brise des neiges ; des familles entières, tels les Guidi*, qui géraient le préventorium de Prélenfrey-du-Gua, transformé en asile pour des dizaines de Juifs ; de belles figures individuelles comme Anne-Marie Mingat*, secrétaire de mairie à Domène, qui émit des dizaines de faux papiers et hébergea avec sa mère, Marthe Lerme*, plusieurs personnes, ou encore Gaston Luyat*, instituteur et secrétaire de mairie au Sappey, qui lui aussi fabriqua nombre de faux papiers et n’hésita pas, lors de la rafle menée au Sappey par Aloïs Brunner le 9 mars 1944, à aller extraire au nez et à la barbe des SS deux personnes déjà arrêtées en prétendant qu’elles n’étaient pas juives.


Si l’action de certaines personnes est particulièrement distinguée aujourd’hui, ce sont cependant des dizaines de milliers, qu’il serait sans doute vain de prétendre identifier, qui ont agit quotidiennement, de la façon la plus anodine à l’engagement le plus périlleux, et permis de sauver tant de vies, en Isère comme dans le reste de la France, malgré les Allemands et Vichy.

Tal BRUTTMANN
Historien auprès de la Commission d’enquête de la Ville de Grenoble sur la spoliation des biens juifs

 

Sources: AJPN

 

Lieux de mémoire

Allée des "Justes parmi les Nations" à Grenoble
 

Dossier Yad Vashem : 7220 
Remise de la médaille de Juste : 14/07/1996
Sauvetage : Grenoble 38000 - Isère
 

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Gabrielle Genevey-Faure*,

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Gabrielle est fonctionnaire à la préfecture de l'Isère à Grenoble. Son mari, Louis, est officier de carrière.


En 1941, Gabrielle fait la connaissance des Gros, un couple qui avait quitté Paris pour venir s'installer à Grenoble. Les deux familles se lient d'amitié.

Dès 1941, elle favorise avec son mari le passage de nombreux Juifs en Suisse et fournit des faux papiers et des cartes d'alimentation à de nombreux Juifs.
Plusieurs familles sont hébergées chez des fermiers auxquels elle vouait une confiance totale. 

En septembre 1943, la Gestapo se présente au domicile des Gros qui sont en visite chez des amis hors de la ville avec leur fillette Renée-Claire âgée d'un an et demi.
Gabrielle Genevey-Faure* leur propose de garder Renée-Claire, dont elle s'occupe avec chaleur, et leur fournit de faux papiers.

Elle fournit également de faux papiers aux parents de Mme Gros et réussit à faire libérer deux cousins des Gros emprisonnés à Annecy. Ils avait été arrêtés par des miliciens français alors qu'ils tentaient de passer clandestinement en Suisse.

Elle aide également la famille Kerner et leur fils Sylvain, leur fournissant de faux papiers et mettant à leur disposition l'appartement d'un de ses cousins à Romans (Drôme). Elle prit les dispositions nécessaires pour qu'on peur porte chaque semaine des provision afin qu'ils n'aient pas à sortir de leur abri.

Par ailleurs, du fait de ses fonctions à la préfecture, elle était informée lorsque des rafles étaient prévues dans la ville et s'efforçait d'avertir les Juifs qu'elle connaissait et de leur trouver un refuge.

Les familles restèrent très liées après la guerre et durant de nombreuses années.

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