Yvonne de Vibraye Baseden
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Pendant la Première Guerre Mondiale, en France, Clifford Baseden, alors pilote du Royal Flying Corps, s’écrase près du château de Frescines, non loin de Blois. C’est ainsi qu’il rencontre une jeune ambulancière bénévole, Antoinette, la fille du vicomte Ludovic Hurault de Vibraye, un général de cavalerie en retraite.
En 1920, ce « coup de foudre » donnera lieu à un mariage. C’est ainsi qu’Yvonne verra le jour à Paris, le 20 janvier 1922.
Après avoir voyagé dans toute l’Europe, la famille Baseden finit par poser ses valises à Londres, en 1937. Douée pour apprendre les langues, Yvonne fréquente alors l’école St Mary’s, à Tottenham avant de prendre un emploi de sténo-dactylo à Southampton.
En juin 1940, alors qu’elle a entendu l’appel du général de Gaulle lancé sur les ondes de la BBC, Yvonne se porte volontaire pour rejoindre la France Libre. Ce qui lui sera refusé car, a-t-il été avancée, « née d’un père anglais ». Déçue (« mes pensées et mes espoirs étaient déjà dans ma France bien aimée », dira-t-elle), elle s’engage dans la Women’s Auxiliary Air Force, en qualité d’employée de bureau.
Mais grâce en partie à sa connaissance des langues, Yvonne est affectée au service de renseignement de la Royal Air Force, tout en étant rapidement promue au grade d’Assistant Section Officer puis de Section Officer. Son habileté à mener les interrogatoires de pilotes allemands faits prisonniers intéresse le Special Operations Executive (SOE), le service renseignement créée par Winston Churchill pour « mettre le feu à l’Europe. »
C’est ainsi que, début 1943, Yvonne est recrutée par Selwyn Jepson, qui travaille pour la section française du SOE, qui manquait alors d’opérateurs radio francophones. Elle reçoit alors le nom de code « Odette » et suit une formation à Thame Park.
Puis, en mars 1944, elle est désigné pour une première mission en France. À cette fin, elle fera équipe avec Gonzague de Saint-Geniès (alias « Lucien »), qui prisonnier de guerre en Allemagne, n’hésita pas à se casser le bras pour hâter son retour en France et reprendre le combat en rejoignant le SOE.
La mission – nom de code SCHOLAR – est de fédérer les groupes de résistants dans le Jura et de préparer les opérations qui devront avoir lieu après le Débarquement du 6 juin 1944 en organisant les parachutages d’armes et de munitions.
Par souci de sécurité, « Odette » et « Lucien » sont parachutés dans la nuit du 17 au 18 mars près de Mont-de-Marsan. Ils sont alors accueillis par George Starr (alias « Hilaire »), chef du réseau SOE « Wheelwright » en Gascogne. Puis, ils rejoignent Dole [Jura], où un réseau précédent venait d’être démantelé par la Gestapo.
Quoi qu’il en soit, les parachutages s’organisent pour armer les groupes locaux de la Résistance. Mais tout va basculer le 26 juin 1944. Pour fêter le succès de l’opération Zebra, c’est à dire le parachutage de 43 conteneurs d’armes et d’équipements près de Pierre-de-Bresse, au sud-ouest de Dole, l’état-major du réseau SCHOLAR se réunit dans une fromagerie (appelée « Maison des Orphelins »).
C’est alors qu’un maquisard tombe sur une patrouille allemande. Ne pouvant expliquer la raison pour laquelle il transportait le poste émetteur d’Yvonne, il donne l’adresse de la fromagerie, pensant que les membres du réseau SCHOLAR l’avait quittée. Or, ces derniers, se croyant en sûreté, se trouvaient encore attablés quand arrivent les soldats allemands.
La suite est plus confuse selon les sources. Devant une table comptant 8 couverts mais aucun convive, un soldat allemand, ayant entendu un bruit, tire dans le plafond. « Lucien » est alors mortellement blessé. Et ses compagnons sont découverts, sauf Frédéric Mayor, le gardien de la fromagerie. Mais les Allemands ignorent qu’ils tiennent entre leur mains une officier du SOE, Yvonne ayant des faux-papiers sur elle. Pour eux, elle n’est que « Jeanne Bernier ».
Transférée à Dijon avec ses camarades, Yvonne est torturée, soumise, même, à des simulacres d’exécution. Mais elle ne craque pas. Le 25 août 1944, le jour de la Libération de Paris, elle est transférée à Sarrebruck, avant d’être déportée au camp de Ravensbrück. « Les Allemands ne savaient pas que j’étais un agent. J’avais juste été raflée avec un tas d’autres et je n’avais sur moi ni documents ni rien du tout. Le fait qu’il n’y ait eu aucun document m’a sauvé la vie », expliquera-t-elle plus tard.
Le sort des agents du SOE, quand ils sont découverts, ne laisse guère de place à la mansuétude : ils sont exécutés. Ce sera le cas de quatre camarades d’Yvonne, à savoir : Violette Szabo, Denise Bloch, Lilian Rolfe et Cecily Lefort, assassinées à Ravensbrük.
Épuisée, souffrante, « Jeanne Bernier » est sauvée par la Croix-Rouge suédoise, dans le cadre d’accords passés entre Himmler et le diplomate Folke Bernadotte, ce dernier ayant négocié la libération de 15.000 prisonniers des camps de concentration. Elle sera ensuite rapatriée en Angleterre, où elle a passera 9 mois à se rétablir au Sanatorium du roi Édouard VII.
Pour ses actions, Yvonne de Vibreye Baseden a reçu la Croix de Guerre 1939-1945 et la Légion d’Honneur en 1996. Après la guerre, elle accompagne son mari (qu’elle a épousé en 1948) en Rhodésie et travaille, pendant un temps, pour l’attaché commercial français en Zambie. Devenu veuve en 1966, elle épouse Anthony Burney.
sources http://www.opex360.com
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