Resister en Gironde Bordeaux
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Après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne, le 1er septembre 1939, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l'Allemagne le 3 septembre 1939.
5 millions de français sont mobilisés.
520 000 personnes sont évacuées des zones frontalières comprises entre la ligne Maginot et l’Allemagne.
L'Allemagne nazie envahit la France, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas le 10 mai 1940.
C'est une population apeurée, anxieuse, affamée et assoiffée par les chaudes journées de mai et juin 1940 qui arrive en Gironde.
A Bordeaux, le gouvernement français et environ deux cent parlementaires sont repliés depuis le 11 juin 1940.
Du 17 au 25 juin, la population de la ville passe de trois-cent mille habitants à un million. On sert un million deux-cent mille repas par jour dans les centre de réfugiés et les restaurants. Les réfugiés sont présents partout et errent à travers les rues et bivouaquent dans les rues, sur les cours, dans les parcs, sur les places envahis de véhicules, sur le port… Des provocateurs acquis aux idées fascistes et nazies se mêlent à la foule.
Les réfugiés étrangers des territoires occupés par les armées d'Hitler arrivent dans une France xénophobe et antisémite, qui construira des camps pour les "accueillir" alors qu'ils tentent de gagner Bordeaux, ville portuaire, ou Hendaye, ville frontière pour traverser l'Espagne et atteindre les ports portugais vers le monde libre.
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Bordeaux dans la tourmente de la défaite
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Le nom de Bordeaux se décline souvent dans la mémoire collective avec celui de défaite. Cette vision des événements de mai-juin 1940 se veut trop simplificatrice. Archives et témoignages révèlent une histoire beaucoup plus complexe qui se divise en trois grandes phases chronologiques.
Avec la débâcle militaire, des millions de civils, originaires de Belgique, du Luxembourg, de Lorraine, du Nord et de la région parisienne fuient sur les chemins de l’exode, venant s’ajouter aux réfugiés espagnols arrivés en Gironde depuis 1936, aux émigrés juifs du IIIe Reich internés dans les camps de Bassens et de Libourne, aux évacués de Meurthe-et-Moselle accueillis en septembre 1939. En quelques semaines, la population bordelaise est multipliée par deux, passant de 300 000 à 700 000 habitants. La ville se transforme en une cohue indescriptible : "tout le centre de la ville n'était qu’une foire en plein vent" résume Léon Blum, "un entassement humain de centaines de milliers de migrants déboussolés, à la recherche d’un boulanger" se souvient Charles Tillon. Les exilés bivouaquent dans les parcs et sur les trottoirs, des centaines de véhicules, de voitures à cheval et de bicyclettes aux chargements les plus hétéroclites envahissent les rues et le port.
Les moyens mis en œuvre se révèlent bien vite insuffisants. Plus d’un million de repas sont distribués quotidiennement. Mais la pénurie menace, l’eau est rationnée, les hébergements, même de fortune, font défaut.
La débâcle frappe également les entreprises, à l’image des usines Peugeot. Aux termes d’un accord entre le ministère de l’Air et le groupe Peugeot, de nombreuses machines sont transférées dans l'agglomération bordelaise à partir du printemps 1939 pour alimenter un vaste complexe aéronautique militaire. En juin 1940, 4 000 salariés des usines Peugeot de Sochaux ainsi qu’une partie des archives sont évacués sur Bordeaux. La banque de France y transfère son siège social, de nombreuses succursales, leurs réserves en billets. L’eau lourde, utilisée par Frédéric Joliot-Curie dans son laboratoire du collège de France, est également transportée en Gironde.
À partir du 14 juin, l'appareil d'État se replie à son tour en Gironde.
Bordeaux, après les épisodes de la Commune en 1870-1871 et du repli de septembre-décembre 1914, s'improvise capitale de la France pour la troisième fois de son histoire.
Plus de 1 100 fonctionnaires s’établissent dans la cité où 300 bureaux sont réquisitionnés.
Le président de la République, Albert Lebrun, s’installe dans l’hôtel de préfecture et le président du Conseil, Paul Reynaud, également ministre des affaires étrangères, de la Défense nationale et de la Guerre, dans l’hôtel du commandant de la XVIIIe région militaire, deux bâtiments situés rue Vital-Carles, "seule voie calme, selon les souvenirs du journaliste Alfred Fabre-Luce, barrée par la police, où siège le gouvernement".
Les autres ministères sont hébergés dans divers hôtels particuliers du centre-ville tandis que la Chambre des députés et le Sénat sont éloignés dans des immeubles périphériques et inadaptés. De même, le Conseil d’État, privé de ses archives et isolé dans le sud du département, à Monségur, est contraint de suspendre ses activités.
Les détenus des prisons du Cherche-Midi et de la Santé sont transférés au Fort du Hâ. Quatre d'entre eux, condamnés à mort pour trahison par le 3e Tribunal militaire de Paris, sont exécutés le 22 juin, sur le champ de tir de Verthamon, à Pessac.
Les gouvernements en exil de Pologne, du Luxembourg et de Belgique trouvent refuge dans le département. Ce dernier, établi à Sauveterre-de-Guyenne, refuse de poursuivre la guerre et se prononce le 27 juin en faveur d’un rapatriement. Les ambassades et les légations étrangères font escale dans 70 châteaux vinicoles du Bordelais, de la juridiction de Saint-Émilion, du Sauternais et du Médoc. Ainsi, l’ambassadeur du Portugal et son personnel logent au château Lamarselle à Saint-Émilion.
L’angoisse grandit encore lorsque les premiers détachements de l’armée française traversent la région dans le désordre le plus complet. Le 14 juin 1940, le général Sikorski, son état-major et un millier d’hommes se replient à Libourne. Plus de 200 officiers, autant de sous-officiers et 3 000 hommes de troupes sont recensés à Bazas, au sud de Bordeaux, entre le 19 et le 21 juin. Les 236e et 237e divisions légères d’infanterie installent leur cantonnement entre Sainte-Foy et Bergerac.
C’est dans ce contexte, aggravé par les manigances du maire de Bordeaux, Adrien Marquet, et les intrigues de Pierre Laval, que se délite le tissu national et se trament des décisions politiques lourdes de sens. Le clan des pacifistes, bientôt rejoint par les germanophiles et les Maurrassiens, complotent déjà en sousmain contre la République et entendent instaurer un ordre nouveau. Le débat entre partisans de l'armistice et partisans d’une capitulation militaire puis d’un départ en Afrique du Nord pour continuer la lutte tourne à l’avantage des premiers. Marquet multiplie volontiers les réunions pour réclamer l’arrêt des hostilités : "il faut arrêter la boucherie […]. Assez ! Assez ! Il faut traiter. Toute résistance est impossible, […] il n’y a plus rien à faire."
Le 17 juin, Paul Reynaud démissionne, aussitôt remplacé par le maréchal Pétain qui invite le jour même les Français "à cesser le combat". Rassurée, par la présence à la tête du pays du vainqueur de Verdun qui apparaît pour beaucoup comme l'homme providentiel, l’opinion publique dans sa grande majorité exprime un certain soulagement de voir la guerre se terminer.
L'ampleur de la défaite et l'exode avec ses longs convois hétéroclites ont, il est vrai, fortement ébranlé les consciences, profond traumatisme qui oriente durablement l'opinion vers le maréchalisme.
Vingt-sept parlementaires – dont Édouard Daladier, Georges Mandel arrêté le 17 juin et accusé d’avoir fomenté un coup d'état, Jean Zay, Pierre Mendès France – refusent cependant de suivre le maréchal Pétain et appareillent du Verdon, à bord du Massilia, le 21 juin pour Casablanca, sous les insultes de l’équipage.
Le 18 juin, une autre voix se fait l’écho de Pétain depuis Londres : le général de Gaulle, sous-secrétaire d’État à la Guerre dans le gouvernement Reynaud, parti de l’aérodrome de Beutre-Mérignac. Il appelle les Français au micro de la BBC à poursuivre le combat. L'attrait du littoral et la proximité de l'Espagne font alors de l'Aquitaine une plaque tournante de l'évasion et de l'exil.
Entre le 21 et le 24 juin 1940, plus de 260 civils et militaires s'embarquent à Bayonne et à Saint-Jean-de-Luz sur des navires belges et polonais à destination de l'Angleterre. Parmi eux, René Cassin, Daniel Cordier et Raymond Aron, figures majeures de la France Libre. Un autre appel à la Résistance, moins connu, est lancé à Bordeaux le 17 juin par Charles Tillon, en marge de la ligne politique du parti communiste, pour dénoncer la trahison de la bourgeoisie française, refuser la guerre des capitalistes et "former un gouvernement populaire, luttant contre le fascisme hitlérien et les 200 familles, s’entendant avec l’URSS, pour une paix équitable, luttant pour l’indépendance nationale et prenant des mesures contre les organisations fascistes".
La ville de Bordeaux est bientôt rattrapée par les réalités de la guerre. La ville est bombardée par la Luftwaffe dans la nuit du 19 au 20 juin. Le bilan est lourd : 63 morts et 185 blessés. De nombreux ponts sont détruits par l’armée française pour protéger sa retraite et retarder l’ennemi, comme dans le pays foyen.
Une ligne de démarcation, conformément à la convention d'armistice franco-allemande du 22 juin, divise la région en deux zones.
Pour des impératifs économiques et stratégiques, le littoral atlantique, pourtant éloigné de la ligne de front atteinte par la Wehrmacht, est englobé dans la zone occupée.
Ainsi, les Allemands mettent la main sur Bordeaux et son port qui, malgré un certain déclin, conservent un rayonnement international. L’occupation du département assure également aux autorités allemandes d’importants atouts économiques : le négoce du vin, des industries stratégiques (complexes pétrolier et aéronautique), un large arrière-pays agricole.
Capitale provisoire de la France encore pour quelques jours, la ville de Bordeaux est déclarée ville ouverte par le maréchal Pétain. Des postes munis de drapeaux blancs sont installés aux entrées de la ville. Le 26 juin, le haut commandement allemand fait savoir au ministère de la Guerre que l'agglomération bordelaise ne serait pas occupée avant le 1er juillet. Seul le commandant allemand de la place de Bordeaux, le général Von Faber du Faur, prend possession de ses bureaux le 28 juin. Le lendemain, le gouvernement quitte Bordeaux pour Vichy.
Adrien Marquet appelle ses concitoyens au calme, à la discipline, à l'ordre et à la dignité.
Le 1er juillet, l'occupation de la ville devient effective. Traumatisée, humiliée, la population subit les événements comme l’écrit dans le Figaro, François Mauriac témoin privilégié des événements depuis sa propriété de Malagar : "Les défilés de troupes allemandes, ce n'était guère pour eux qu'un effet de cinéma. Cela faisait partie d'un pittoresque qui ne concernait personne entre la Loire et les Pyrénées".
Notre action restée plus dangereuse que ce que les Allemands imaginaient, et ils ont été surpris par notre capacité offensive lorsque, le 2 juin 1944, le célèbre message «Philémon réclame six bouteilles de Sauternes» déclenche l’opération Tortue. Celle-ci consistait à détruire les moyens de communication terrestre et maritime des Allemands pour les empêcher de rejoindre la Normandie où le Débarquement se préparait.
Les combats vont alors s’intensifier…
Dans les semaines qui ont suivi, la situation s’est tendue et on est entré dans l’été qui fut le plus meurtrier pour Bordeaux, et toute la région. C’est là que se sont produits les massacres d’Oradour-sur-Glane, de Tulle, la destruction des maquis de Lorette… C’était une guérilla d’une violence incroyable. Mais au fur et à mesure, la Résistance réussissait à gagner de plus en plus d’espace, les Allemands étant obligés d’abandonner de plus en plus de villes pour rejoindre la Normandie.
Les Allemands ont abandonné des villes, mais pas Bordeaux?
Le commandement allemand voulait défendre Bordeaux coûte que coûte, et le 19 août la décision était prise de détruire les infrastructures économiques, particulièrement le port. Les occupants ont alors pour mission de placer des charges explosives de 250 kilos tous les 50 mètres, du quai de Richelieu à Bacalan. La destruction du port, d’abord programmée le 25 août, a été repoussée au 27 août. La mairie et la préfecture, collaborationnistes, tentaient de négocier avec les Allemands pour une retraite sans destruction. Pendant ce temps, la situation se durcissait dans le centre de Bordeaux, avec plusieurs échanges de coups de feu. Un soldat allemand a même jeté une grenade sur la foule à Talence, et à Caudéran des groupuscules résistants attaquaient au fusil les occupants.
Les négociations ont-elles abouti?
Elles sont restées lettre morte dans un premier temps. La situation a même empiré, puisque le commandement allemand a pour ordre de boucher l’estuaire, et décidait pour cela de couler 200 navires dans la Garonne. Celle-ci est restée impraticable jusqu’en 1949. Mais le 22 août, il va se passer quelque chose d’extraordinaire: l’explosion du bunker de la rue Raze à Bacalan, qui contenait tout le stock d’explosifs des Allemands! Cet acte est signé d’un soldat allemand qui refuse d’obéir à l’ordre de détruire le port. A la fin de la guerre, cet Allemand, Heinz Stahlschmidt, devenu Henri Salmide, a été naturalisé français. Il est resté très longtemps sur Bordeaux comme pompier au port autonome, et il est décédé en 2009. C’est un héros.
Comment ont réagi les Allemands à l’explosion de leur stock d’explosifs?
Ils n'étaient plus en capacité de mettre à exécution leur plan de destruction, et comme ils pensaient que c’était l’œuvre de la Résistance, cela compliquait leur stratégie de retraite. La négociation s’est poursuivie entre le 24 et le 26 août, avec le commandement des FFI qui menaçait d’une effusion de sang si les Allemands touchaient à Bordeaux. Finalement, ils ont quitté la ville le 27 août sans mettre à exécution leur plan, et Bordeaux a été libérée le 28 août.
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Auteur :
Philippe Souleau
Lien : 9 jours pour sauver 30 000 personnes
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L'Occupation et la collaboration
C'est à Bordeaux que le 17 juin 1940, le maréchal Pétain, nommé à la présidence du Conseil, réclame un armistice à l’Allemagne tandis que le général de Gaulle en désaccord avec Pétain et son nouveau gouvernement s'envole de Bordeaux-Mérignac pour rejoindre l'Angleterre et constituer le gouvernement de la France Libre (où il prononcera sur les ondes de Radio Londres le fameux appel du 18 juin) et que Aristides de Sousa Mendes, n'écoutant que sa conscience, assiégé de demandes de visas décide de désobéir aux ordres inhumains de son gouvernement et accorde passeports et visas à tous ceux qui en font la demande sans discrimination d'origine, de races ou de nationalités.
De nombreux réfugiés songent à s'embarquer pour l'Afrique du Nord, la Grande-Bretagne, l'Amérique du Nord ou du sud, l'aéroport de Mérignac est assiégé, les autres reprennent la route vers le Sud, vers Bayonne.
Le 22 juin 1940, la France capitule et Pétain signe l'armistice avec les Allemands à Rethondes.
Les Allemands mettent en place toute une série de mesures pour limiter sur le territoire la circulation des personnes et des marchandises et le trafic postal entre deux grandes zones délimitées par la ligne de démarcation qui sépare la zone sud où s’exerce l’autorité du gouvernement de Vichy, de la zone occupée par les Allemands.
La ligne de démarcation traverse treize départements sur 1 200 km : Ain, Allier, Charente, Cher, Dordogne, Gironde, Indre-et-Loire, Jura, Landes, Loir-et-Cher, Pyrénées-Atlantiques, Saône-et-Loire, Vienne.
Le 28 juin 1940, l'armée allemande entre dans Bordeaux ville ouverte et le 29 le gouvernement français quitte Bordeaux et part s'installer à Vichy.
La Gironde est occupée.
Dans la région, la ligne de démarcation sépare la zone libre où s’exerce l’autorité du gouvernement de Vichy, de la zone occupée par les Allemands.
La ligne de démarcation est une frontière intérieure instaurée conformément à l'armistice de juin 40, qui va séparer la France en zone occupée et zone non occupée, sur 1 200 km. Elle va jouer le rôle d'une frontière classique avec ses attributs (guérites, barrières, barbelés, voire mines).
Elle passait près d’Angoulême, Aubeterre-sur-Dronne et Ribérac, Montpon-Ménestérol, Castillon-la-Bataille et Sainte-Foy, La Réole, Auros, Roquefort (Landes), Mont-de-Marsan, Saint-Sever, Hagetmau, Orthez, Mauléon, Saint-Jean-Pied-de-Port...
En Gironde, la ligne de démarcation part de Castillon (qui n'est pas encore "la bataille") jusqu'au sud de Captieux au lieu-dit le Poteau.1
Les communes de Gironde non occupées seront rattachées au Lot-et-Garonne jusqu'en mars 1943 : Aillas, Auriolles, Auros, Bagas, Barie, Bassanne, Berthez, Bieujac, Birac, Blaignac, Bourdelles, Brannens, Brouqueyran, Camiran, Casseuil, Castelmoron-d'Albret, Castets-en-Dorthe, Castillon-de-Castets, Caudrot, Caumont, Cauvignac, Cazats, Cazaugitat, Cleyrac, Coimères, Cours-de-Monségur, Cours-les-Bains, Coutures, Cudos, Dieulivol, Escaudes, Floudès, Fontet, Fossès-et-Baleyssac, Gajac, Gans, Gironde-sur-Dropt, Giscos, Goualade, Grignols, Hure, Labescau, Lados, Lamothe-Landerron, Landerrouet-sur-Ségur, La Réole, Lartigue, Lavazan, Le Puy, Les Esseintes, Lerm-et-Musset, Listrac-de-Durèze,Loupiac-de-la-Réole, Loubens, Marions, Masseilles, Mauriac, Mesterrieux, Mongauzy, Montagoudin, Monségur, Morizès, Neuffons, Noaillac, Pellegrue, Pondaurat, Puybarban, Rimons, Ruch, Roquebrune, Sainte-Ferme, Sainte-Gemme, Saint-Antoine-du-Queyret, Saint-Côme, Saint-Hilaire-de-la-Noaille, Saint-Loubert, Saint-Martin-de-Lerm, Saint-Martin-du-Puy, Saint-Martin-du-Sescas, Saint-Michel-de-Castelnau, Saint-Michel-de-Lapujade, Saint-Pardon-de-Conques, Saint-Pierre-de-Mons, Saint-Romain-la-Virvée, Saint-Sève, Saint-Sulpice-de-Guilleragues, Saint-Vivien-de-Monségur, Sauviac, Savignac, Sendets, Sigalens, Sillas, Soussac, Taillecavat.
Le département est vraiment coupé en deux. Tout l'été 1940, il n'est même pas possible d'envoyer une carte postale d'une zone à l'autre. On ne peut plus s'écrire, pas davantage se parler puisque le téléphone est coupé, et même se voir. Les deux mondes se tournent le dos. Un premier assouplissement intervient en octobre 40. En 1941-1942, il est possible de s'envoyer des cartes types avec des mentions écrites préalablement à biffer, du style "je suis malade / en bonne santé", etc.
Elle se veut imperméable, mais elle est difficile à garder, et ceci malgré les patrouilles parfois associées de chiens. D'autant qu'on ne sait pas forcément où elle passe à quelques centaines de mètres près. Elle suit en général des routes ou des petites rivières. Mais il arrive qu'elle tranche des propriétés.
À Saint-André-du-Bois, on entre dans une maison dans une zone et on en sort dans l'autre car cette frontière n'a pas été formalisée localement mais en Allemagne.
Bazas est coupée en deux avec une mairie en zone occupée et une autre en zone non occupée. À Langon, les faubourgs sont isolés du reste de la ville. Mais ce genre de situation est rare car alors, la ligne est trop dangereuse à tenir. La situation de Langon est particulière car c'est un carrefour routier et un nœud ferroviaire qui en font une des villes les plus importantes sur toute la ligne de démarcation.
Pour passer d'une zone à l'autre, il faut un Ausweis. Des agriculteurs dont la propriété est coupée en deux, des salariés dont le patron est de l'autre côté de la ligne, des étudiants rentrant de vacances… peuvent en bénéficier, mais le protocole administratif est très lourd et les Allemands ne traitent pas les cas particuliers.
Des gens que leur fonction met en contact avec des personnes venues franchir la ligne en fraude vont devenir passeurs : cheminots, hôteliers, facteurs, chauffeurs de taxi… Ils se mettent en rapport avec les agriculteurs qui connaissent le terrain. Il y a une filière entre professions, souvent spontanée.
Le risque, c'est la prison et parfois la condamnation à mort par un tribunal militaire allemand. On peut dire que c'est la première forme de résistance.
Il y aura beaucoup d'arrestations auprès de la ligne.
A partir de 1941 après les rafles du Vel d'hiv et de Bordeaux, les Juifs vont tenter de s'enfuir en masse. Philippe Souleau relève 600 arrestations rien que pour la Gironde réparties moitié dans un sens et moitié dans un autre, car leur sécurité n'était pas assurée en zone non occupée.
La ligne de démarcation disparaît après le débarquement en Afrique du nord en novembre 1942.
Les Juifs en Gironde
Vichy développe une politique antijuive dans la perspective d'une collaboration avec l'Allemagne nazie et fait promulguer le premier statut des Juifs le 3 octobre 1940 avec l'aval et la confiance d'une grande partie de l'opinion publique.
Dès la mi-octobre 1940, les commerces juifs sont désignés par une affiche posée sur la devanture.
29 mai 1942 le port de l’étoile jaune devient obligatoire pour les Juifs de Gironde, alors que l'ordonnance ne prévoyait le port de l'étoile qu'en zone occupée.
Des hommes, des femmes, des enfants, des familles, français ou étrangers, seront pourchassés et persécutés parce que Juifs et massivement déportés vers l'Est et exterminés. Très peu survivront.
Près de 76 000 Juifs dont plus de 11 000 enfants seront arrêtés et déportés de France, dont 38 000 à Paris.
Les proscrits du régime
Les Tsiganes
Les Tsiganes sont internés dans les camps français.
Les franc-maçons
Les franc-maçons son démis de leurs fonctions.
Les communistes
Les fonctionnaires syndicalistes et communistes ou suspectés de l'être, sont recensés par la gendarmerie française, considérés comme "indésirables", démis de leurs fonctions, pourchassés, arrêtés et internés.
Les réfractaires au STO
A partir de 1943, les réfractaires du STO entrent dans la clandestinité. Certains rejoignent les résistants également pourchassés.
La résistance notre présence
À la fin de la Seconde Guerre mondiale,nos camarades les FFI du département comptent 2705 membres.
Sources: AJPN
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