Le COMAC
Le Comac
Le CNR se dota d'un bureau de cinq membres et de diverses commissions,dont les plus connues sont le NAP (Noyautage des administrations publiques),le Comité d'Action contre la déportation et surtout le Comac (Comité militaire).
Cet organisme illustrait bien la dualité de la Resistance française et l'opposition qui s'est fait jour pour la diriger entre resistance interieure et exterieure.
Des différences de tactiques ne tardèrent pas a apparaitre,notemment en matière militaire.Certains en premier lieu les communistes étaient partisans d'une action immédiate contre l'occupant;tandis que d'autres prônaient un certain attentisme en attendant le jour "J".
Ce n'est que le 24 mai 1944 que le Comac,alors contrôlé par le communiste Villon et Kriegel (valrimont),se déclara en faveur de l'action de masse "à caractère insuurrectionnel",avec une priorité accordée aux actions décidées par ses Alliés.
Le CNR lança le 18 Août un appel à l'insurrection,cette fois voté à l'unanimité suivi deux jours plus tard d'une décision de suspendre les combats;puis à nouveau le 21,d'un appel a reprendre les armes.
Cette situation confuse illustre les luttes de tendances entre les communistes partisans de l'insurrection sans attendre les Alliés,et ceux qui craignaient que celle-ci ne dégénérât en prise de pouvoir.
Le 10 juillet 1944 se tient une réunion du COMAC à laquelle assistent :
- Jean de Vogüe, représentant la zone nord
- Pierre Villon, représentant du CNR et du Front National
- Maurice Kriegel Valrimont , représentant la zone sud
- Alfred Malleret Joinville, chef d'état-major des FFI
- Jacques Chaban Delmas, délégué militaire national
- Paul Ely, chargé de mission du général Koenig en France
Au cours de cette réunion, plusieurs sujets sont abordés : nomination de Duc - Dauphin de Libé-Nord au poste de chef du 1er bureau de l'état-major national FFI ; précisions sur les grades attribués aux officiers FFI ; activités des missions alliées ; difficultés avec les délégués militaires régionaux...
Une partie de la séance est consacrée au brassard des FFI. Elle correspond à l'article XIII du procès-verbal de la réunion présenté ici. Le document original étant peu lisible, en voici la retranscription :
"En raison de la libération de portions de territoire où il est utile d'utiliser le port du brassard pour bénéficier des lois de la guerre, le COMAC examine cette question.
FN [Villon] indique que les FTP proposent un brassard avec bonnet phrygien et, en dehors de l'inscription FFI, celle de FTP pour les hommes de leurs formations.
MLN [Kriegel Valrimont] propose un brassard portant la croix de Lorraine comme cela a été fait en Algérie.
Algèbre [général Ely] indique, sur la demande du COMAC, que la croix de Lorraine n'est pas réglementaire pour les formations de l'Armée ; certaines unités portent cette croix en insigne.*
Le COMAC est d'accord pour garantir l'uniformité du signe distinctif.
Il est décidé que le signe distinctif des FFI sera fait d'un brassard tricolore portant sur la couleur blanche les trois lettres F.F.I. côte à côte.
Les membres des différentes formations pourront par ailleurs porter un insigne de leur choix en dehors du brassard."
Quelques jours plus tard, le 26 juillet, cette décision du COMAC est relayée par Malleret-Joinville, chef d'état-major national des FFI, auprès de tous les responsables régionaux (voir verso du document présenté).
* Symbole de la France Libre, la croix de Lorraine a été adoptée par le général de Gaulle le 1er juillet 1940, sur proposition de l’amiral Muselier. Le règlement du 7 juin 1941 fait de la croix de Lorraine l’insigne officiel des Forces françaises libres. De nombreux bâtiments de guerre des FNFL arborent la croix de Lorraine dans leur insigne ou sur leur pavillon. Au contraire de la Marine et de l’Aviation, l’emblème des forces terrestres de la France libre, dessiné par le caporal Louvier en décembre 1940 et surnommé le « moustique », ignore la croix de Lorraine, lui préférant le glaive , les ailes de la victoire et la couronne de laurier du vainqueur. La croix de Lorraine n’en a pas moins été adoptée par une grande partie des unités des forces terrestres. Le 1er août 1943, les Forces françaises libres fusionnent avec l’armée d’Afrique. Toutefois, les Français libres ne renoncent pas à l’esprit free french de leurs débuts. Pour ce motif, dès le 22 octobre 1943, un décret les autorise à continuer de porter leurs insignes distinctifs.
Avec le développement des mouvements de la Résistance intérieure, ce symbole est repris pour signifier une volonté de rapprochement ou un ralliement au chef de la France libre. Par la suite, elle devient le symbole de l’unification de la Résistance française sous l’autorité du général de Gaulle. En refusant la croix de Lorraine sur les brassards des FFI, le général Ely, qui appartenait à l'ORA, se place en opposant aux gaullistes.
Fabrice Bourrée
Sources :
Archives nationales 72 AJ 2305 (fonds Jean de Vogüe), procès-verbal de la réunion du COMAC du 10 juillet 1944
Maurice Kriegel-Valrimont, La Libération. Les archives du COMAC, Editions de Minuit, 1964.
Revue de la Fondation de la France libre, n°39, mars 2011
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